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Quelle sera l’incidence sur les taux d’intérêt au Canada des échéances fixées en juillet pour en arriver à un accord commercial?

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En bref :

  1. Les marchés sont rivés sur le 9 juillet, date où prendra fin la pause sur les droits de douane des États-Unis, et sur le 21 juillet, la date fixée par les négociateurs pour en arriver à un accord entre le Canada et les États-Unis. Ce sont deux jalons qui façonneront les attentes d’ici la prochaine décision de la Banque du Canada en matière de taux le 30 juillet.
  2. L’histoire montre que, après l’annonce de l’ACEUM en 2018, la Banque du Canada a relevé ses taux dans les trois semaines ayant suivi et que, après l’accord de 1992 sur l’ALENA, les rendements canadiens ont grimpé.
  3. Les investisseurs voient maintenant deux possibilités : un accord commercial serait susceptible de faire monter les rendements et de mettre une hausse des taux sur la table, tandis qu’un effondrement pourrait faire baisser les rendements et relancer le débat sur une baisse, de sorte que les coûts d’emprunt jusqu’à la fin de l’automne dépendent de l’issue.

Le 4 juin dernier, la Banque du Canada a laissé le taux à un jour inchangé, déclarant que l’incertitude commerciale justifiait la prudence, malgré une croissance solide et une inflation fondamentale près de la cible. Les rendements des obligations gouvernementales n’ont pas bougé depuis environ un mois, alors que les investisseurs suivent de près chaque nouvelle commerciale qui fait la manchette.

Les négociations commerciales ont repris après qu’Ottawa a annoncé l’annulation de sa taxe sur les services numériques le 30 juin 2025. Les deux gouvernements souhaitent conclure un accord économique et de sécurité d’ici le 21 juillet 2025. Tout d'abord, la pause des États-Unis sur les nouveaux droits de douane dits « réciproques » prend fin le 9 juillet 2025, et le président Trump a affirmé qu’il ne la prolongerait pas. Une négociation fructueuse permettrait d’éviter des droits de douane pouvant atteindre 50 %, alors qu’un échec les déclencherait. Ce sont ces deux dates qui dictent l’établissement des prix en fonction du marché.

La prochaine décision de la Banque en matière de taux est prévue pour le 30 juillet prochain. D’ici là, elle connaîtra l’issue des négociations sur les droits de douane et disposera de nouvelles données sur l’inflation et le début du troisième trimestre. La plupart des bureaux s’attendent à des mouvements limités jusqu’au point de décision du 9 juillet, puis à un changement manifeste une fois les résultats connus. Les gains en capital et la force du dollar canadien sont apparus dans le cadre de discours positifs pour ensuite s’estomper dans la foulée de commentaires négatifs. Cela montre à quel point les taux suivent de près le commerce.

Un accord fera-t-il grimper les rendements encore plus?

Lorsque le Canada et les États-Unis se sont entendus sur l’accord États-Unis-Mexique-Canada le 30 septembre 2018, les rendements des obligations du Trésor américain ont bondi et les rendements canadiens ont suivi. Trois semaines plus tard, la Banque du Canada a relevé son taux directeur, citant le nouvel accord comme un facteur de confiance.

Un schéma similaire est apparu après que le texte de l’Accord de libre-échange nord-américain ait été fixé en août 1992. Les rendements des obligations canadiennes à 10 ans sont passés de 7,38 % à 7,79 % en quatre semaines, alors même que la banque centrale assouplissait sa politique, ce qui montre la rapidité avec laquelle la prime commerciale a disparu.

Si les négociateurs parviennent à un accord commercial en juillet de cette année, les rendements obligataires canadiens devraient augmenter à l’instar des bonds ayant suivi les percées de l’ACEUM en 2018 et de l’ALENA en 1992. La courbe des taux s’accentuerait probablement et la Banque du Canada pourrait maintenir les taux inchangés ou, si l’on se fie à l’histoire, les relever de 25 points de base lors de sa réunion du 30 juillet ou de septembre. Les marchés marqueraient alors une légère hausse de la fourchette attendue pour 2026, ce qui entraînerait une augmentation des coûts des emprunts hypothécaires et des emprunts des entreprises jusqu’à l’automne, et ce, même si le mouvement devrait être plus modéré que la hausse de 1992. Pourquoi? Les rendements intègrent actuellement déjà un certain risque lié aux droits de douane et les incertitudes mondiales continuent d’exercer une pression à la hausse.

Qu’arrive-t-il si les pourparlers échouent?

Si les droits de douane sont imposés à nouveau le 9 juillet prochain, les rendements canadiens chuteront probablement, ce qui augmentera la probabilité que la Banque annonce une baisse de taux et affaiblira le dollar canadien. Les emprunteurs bénéficieraient d’une baisse temporaire de coûts, mais cette baisse se ferait au détriment de la confiance et de l’embauche. Si l’on se fonde sur l’histoire, on s’attend à ce qu’un accord entraîne des taux modérément plus élevés avec une croissance plus forte, tandis qu’un échec risque d’entraîner une baisse des taux pour les mauvaises raisons.

Pour l’instant, le marché obligataire est en attente, la Banque est prudente et les 9 et 21 juillet sont les dates décisives.